mercredi 16 octobre 2013

Bagatelle



Après plusieurs séances et malgré mes avances, Isabelle ne semblait pas saisir que je n’en resterai pas là. Alors qu’elle cherchait à s’installer pour soulever des poids, je lançais un "viens!" dans sa direction. 

Le vouvoiement entre nous vola en éclats. Mais elle résistait.

"Je ne tutoie que les personnes avec qui je couche, si vous voulez tout savoir."
"Chouette ! Il y a donc moyen d’arranger ça."

Sans qu’elle ait le temps de voir ma main s’emparer de sa taille, je la fis pivoter. Nous étions si proches que sa poitrine me fit tressaillir.

"Je peux t’embrasser ?"
"J’embrasse pas."

J’entrepris quand même de poser ma bouche sur la sienne. Elle entrouvrit ses lèvres et je sentis la caresse mystérieuse de sa langue sur mes dents. 

Son baiser était un petit miracle. Il me revint en mémoire ce proverbe espagnol : "Parler de taureau ce n’est pas comme être dans l’arène".
Il me faudrait du temps pour dompter l’animal que je venais de capturer. 

Dans un vertige horizontal, je lui fit sentir ma canne s’approcher de ses cuisses tel un sexe bandant. 
Le pommeau métallique lui donna des frissons au premier contact. Elle me laissa le passage libre en relevant sa jupe. J’écartais ses fesses et la griffais au creux des reins. 

Je la pénétrais de cet appendice lisse et froid. J’avais répandu des pétales de roses sur la table de massage, avant son arrivée. Ils venaient caresser ses seins et y déposaient une senteur délicate. La pièce dansait sous l’éclairage tamisé d’une bougie et Jacques Brel chantait les femmes comme j'aurais aimé parler d'elle. 

Le temps semblait suspendu à mes mains. J’aurais voulu qu’elle connaisse mon goût en bouche mais comme je continuais de manier ma canne, elle se cabra ruisselant de plaisir. 

Je posais une main sur ses lèvres, pour que le silence enveloppe toujours nos ébats. Elle engloutit mon pouce dans un dernier spasme de jouissance. Libérant un souffle chaud dans son cou, les yeux clos, je chuchotais pour la première fois son prénom.

A son départ, elle soupira :
"Va pour le tutoiement. Mais pour mon prénom, je préfèrerais que tu attendes un peu."

7 commentaires:

  1. Ma soif de lecture, chère amie, peut-elle se contenter d'une telle bagatelle ?
    Admirativement vôtre.

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  2. Ébloui par la lumière crue d'un écran trop blanc, je ne percevais pas les caractères typographiques écrasés sur la table de massage. Votre encre de lait, chère amie, est bien sympathique !

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  3. Bah, j'essaie juste d'avoir un fil conducteur. Car reconnais que du mont Ventoux au mont de Vénus, on reste dans le domaine de la grimpette tout de même ;)

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  4. Tout comme le point de départ de ce blog est la "non" réponse à une lettre (dont on attend encore la substantifique moëlle), la publication du 16 sent le vécu et l'attente, là aussi d'une réponse ou quoi ?

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  5. La baronne, je vais t'expliquer un truc à ce propos : si tu plantes une canne, au mieux tu obtiens un rosier, au pire des ronces qui la recouvrent.
    Quoiqu'il en soit, t'es bonne pour te piquer ! Alors...

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  6. Voilà un article qui nous permet de déployer notre imagination...Chaque lecteur y lira ce qu'il désire

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  7. Que nenni ! ma chère Gazou, j'ai encore commis un article ici même.
    Mais il vous faut tirer la chevillette et la bobinette cherra...

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