mardi 8 octobre 2013

Possession

Sacha m'attendait chez Gibert comme à notre habitude entre le rayon science fiction et policier. 

Son regard avait-il changé ? Me voyait-il autrement qu'un père ? Je me rapprochais de lui pour capter son regard, ce clignement d'oeil qu'il n'avait que pour moi.

Lors de notre dernière rencontre, il m'avait dit que je n'étais en possession de personne, que l'écriture ne me permettait rien de plus que d'étendre des mots sur une page blanche. "Tu revisites l'histoire. Tu enrobes. Mais en somme, tu te dérobes à ce qu'est la vie, la vraie".

J'avais voulu le contrer avec cette phrase idiote : "Tant que tu seras mon fils, je t'interdis de me parler comme ça".

J'avais eu beau dissimuler mes craintes, il les démasqua : "T'inquiète, je ne te ferai pas un procès pour toutes tes infamies d'écrivain, mais je refuse que tu me dises quoi penser, quoi dire". 

Toute ma vie, j'avais enfermé les miens. J'en avais fait des personnages, des pantins au fil de mes phrases. Mais là j'avais besoin de lui pour comprendre ce qu'il m'arrivait.

Il me tendit la joue. Je l'embrassais en le prenant par les épaules et pourtant j'avais l'impression que c'était lui qui me soutenait à bout de bras.

"Pourquoi était-ce si urgent ?"


"Lis ça". Je lui tendis la lettre.


2 commentaires:

  1. Pourquoi cette lettre serait-elle si troublante? On peut la lire nous aussi? Mais DE SUITE et pas dans 100 pages!! Entre lui et toi notre patience est mise à rude épreuve. Pourquoi êtes-vous si compliqués???

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  2. C'est ton voyage à Turin qui te met dans un état pareil ? Promis, on va le retrouver ce cahier ! Mais avant je veux bien que quelqu'un m'aide à remettre la main sur la lettre...quoi !
    Tu dis que nous sommes compliqués ? Non, bordéliques, un peu, sans doute...;)

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