lundi 14 octobre 2013

Confidences

Après qu'elle ait quitté son cabinet, David composa le numéro du pavillon Nord.

- "Est-ce que Jouldé est là ?"

L'infirmière transféra l'appel.

-"Salut ! Juste un truc, tu peux m'en dire plus sur Isabelle de l'Ordaget ?"

Devant la précipitation à vouloir des informations sur une patiente qu'il recevait à l'instant, son interlocuteur se fit moqueur.

-"Ah, je vois...La chèvre broute toujours là où son piquet est attaché. Pour être honnête, en te l'envoyant, j'étais certain qu'elle aurait les meilleurs massages de la planète terre".

Ce neurologue avait le sang chaud et la langue bien pendue. Il s'amusait à dire : "C'est pas parce que tu travailles sur le cerveau de tes patientes que tu ne dois pas t'intéresser aux autres parties de leur corps."  

En définitive, il parlait par expérience. Son environnement professionnel était un précieux terrain de chasse, de celles qu'il appelait ses gazelles.

-"N'imagine rien. Je veux juste savoir comment elle a atterri chez nous".

Reprenant les notes qu'il avait prises lors de ses consultations, et se rendant compte que quelqu'un du bloc avait laissé sa porte entrouverte, le médecin décida qu'il serait plus sage de le retrouver quelque part, pour en parler de vive voix.

En soirée, débarrassés de leur blouse et assis devant un café, Jouldé lui décrit le tableau clinique d'Isabelle.

-"Polytraumatisée avec des troubles mnésiques sévères. Tu vois, c'est du lourd."

-"Et tu es certain que personne n'est venu la voir pendant sa durée d'hospitalisation ?"

-"Oui, excepté l'avocate et la police pour leurs dossiers."

- Elle t'a troublé ?

- Pas exactement.

Jouldé se leva et vint lui taper sur l'épaule.

- Mais bien sûr...Prends moi pour un con !



2 commentaires:

  1. Bravo ! Une page par jour, dimanche ou lundi, c'est un chalenge pour Noël ou pour la Saint Valentin ! Seriez-vous, chère amie, LA feuilletoniste du XXIème siècle ?
    Sincèrement vôtre,
    Clûte

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  2. Non, c'est juste que j'ai lu Saint Simon trop jeune...ça fait quelques dégâts pour qui comprend :« L'art de s'avancer et de parvenir, c'est l'art d'offrir sa main à qui l'on voudrait donner son pied. »

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