jeudi 24 octobre 2013

Aveu

Le détachement de Jouldé me fit énormément de bien. Je percevais nettement qu’il ne m’aurait pas apprécié, davantage trompant ma femme que cocu.

Nous parlions et il me servit un rhum vieux. Il l'avait sorti du tiroir de son bureau, accompagné de deux verres et d'un sachet de gâteaux apéritif.

-"Bois ça ! Le rhum c'est comme la rivière. Ce n'est jamais deux fois le même rhum qui coule dans ton verre."

Je n'en revenais pas qu'il ait de quoi s'enivrer sur notre lieu de travail. 

L'alcool aidant et pour satisfaire sa curiosité maladive, j'évoquais ma période métro-sexuelle.

Je finis par lui parler de ce que ma femme appelait le Cahier de Turin. Elle lui avait donné ce nom-là, parce qu'elle en avait découvert l'existence, lors de notre voyage de noce en Italie.

Je le fis d'ailleurs disparaître, dès notre retour à Bordeaux, avant qu'elle n'en examine le contenu. 

J'avouais à Jouldé ce qu'elle n'avait jamais réussi à savoir : Les scores de Scrabble d'une trentaine de femmes se trouvaient à l'intérieur.

Ce cahier m'avait simplement servi à vérifier, avec chacune des joueuses, qu'un mauvais score au Scrabble fait toujours un très bon coup au lit. 

Voyant que j'avais un peu honte de cet aveu, il me resservit un verre.

-"Ne t'en fais donc pas, David. Que celui qui n'a pas traversé, ne se moque pas de celui qui s'est noyé. Et puis les hommes mentiraient moins, si les femmes posaient moins de questions".

Jouldé était un professionnel des théories scabreuses toutes faites. Les mêmes que celles qui viennent s'étendre sur le zinc des bistrots.

Il poursuivit en parlant de ses nouveaux travaux sur la thérapie de la dépendance. 

En même temps, il continuait de boire allègrement, malgré les deux cachets de Baclofène qu'il venait de prendre. 

Alors que je quittais la pièce, prétextant mes heures de garde de la nuit, il clama : 

-"Mes confrères sont des ânes. Un bon médecin n'a pas de bonnes méthodes, il a juste les siennes."

Je n'allais pas le contredire. Ce soir, il venait de m'en donner une parfaite démonstration.















2 commentaires:

  1. Tu vois Négresse rose, tout finit toujours par se savoir.
    Le Cahier de Turin s'appelait le Cahier d'Alicante en fait et j'y ai noté mes propres scores au Scrabble.
    Par contre, je te les donnerai pas;)

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  2. Je savais bien que j'arriverai à titiller ton imagination avec ce cahier de Turin mais delà à l'introduire dans ton histoire originale... c'est très fort, très fort!!!
    Pas de commentaire sur les scores au Scrabble...le sourire et l'oeil pétillant que tu devais avoir en tapant ces quelques mots...
    CCLP

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