vendredi 29 novembre 2013

Bagatelle 2

- Que pensez-vous que Duroy soit en train de faire en ce moment ?
Antoine ne lui avait jamais parlé de Daniel avant ce jour, où pour la première fois, Anne se rendait chez lui.
Elle avait accepté de lui faire des plans pour l’aménagement d’une mezzanine pour son appartement.
Elle se rendait sur les lieux pour prendre les cotes.
- Il doit être en train de commander tous les livres dédicacés de sa main qui sont en vente sur internet.
- Non ? Il fait ça ?
- Oui, il a ses lubies. C’en est une. Il n’aime pas savoir que des livres qu’il a signés soient « errants ». Oui, je crois que c’est l’adjectif qu’il utilise.
- Ah oui, quand même.
  
Il n’en rajouta pas plus, soucieux qu’elle ne prenne mal ce qu’il dirait sur celui avec qui elle avait passé les vingt dernières années.
Il rejoignit son siège de bureau, comme en retrait, afin qu’elle puisse prendre possession de l’espace. Mais elle le suivit.
  
Elle le regarda taper de ses index, sur son clavier d'ordinateur.
Puis elle vint se glisser entre lui et son bureau, sans qu'il s'y attende. Là, posée comme une tasse à café sucrée et chaude, on avait assurément envie de la déguster.
Elle soupira d'aise.
- J'aime quand vous pianotez à l'ancienne... ça vous laisse toujours des doigts inoccupés.
Il lui connaissait ce sens de la provocation mais pas encore cette poitrine dans ce décolleté en V, qu'elle mettait sous son nez.
- Vous voudriez peut-être que j'arrête ?
- Non, poursuivez. J'ai moi-même du travail qui m'attend.
Elle se laissa glisser jusqu’à ce que ses genoux pliés rejoignent le sol moquetté. Il repensa alors à la phrase de Bashung : « Putain ce que t’as été belle quand tu te mettais à genoux ».
La bouche d’Anne soufflait un air moite dans la direction de sa virilité qu'il avait du mal à cacher à présent.
- Je m'appelle Anne et je ne vois rien venir, que le soleil qui poudroie et l'herbe qui verdoie.

Tout en parlant, elle actionnait sa braguette avec malice.
Il étouffa un rire, trop impatient d'échanger avec elle ses désirs plutôt que ses mots d'esprit.
  
Elle le tenait à pleine bouche à présent et le savourait.
Il imaginait pouvoir demeurer ainsi des heures, noyé entre ses lèvres. Mais, elle était comme les baïnes de l’Atlantique. Il lui fallut se laisser porter par son courant pour lui échapper. Alors, dans une succession de vagues, il inonda la gorge d’Anne qui l'avait fait jouir.

Il la releva et l'assit sur lui, posant ses deux mains sur son ventre, sa tête dans son cou. Il palpitait en elle comme un coeur d'animal pris au piège qu'il aurait voulu libérer.
  
- Allons terminer vos plans dans ma chambre ?
 - Oui, tu as raison. Je suis une architecte professionnelle, je dois prendre possession de toutes tes pièces.
Elle l'avait enfin tutoyé. Il en était heureux.

3 commentaires:

  1. Pour les nostalgiques de Bashung, Bijou-Bijou vous attend ici : http://www.youtube.com/watch?v=PyOdhuYgle0

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  2. Flarinette et Clûtedécembre 02, 2013

    Ah ! Qu'il est beau le soleil qui poudroie ! Mais cet été heureux final eût été plus que parfait s'il avait été "était" ...

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  3. Ah quand il fait chaud ! c'est "l'été" qui l'emporte sur "l'était" ! Pffff, CCLP ne l'a pas vu et la baronne en RTT non plus : à croire qu'elles avaient la tête ailleurs à me lire...hein, les filles ?

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