lundi 23 septembre 2013

"Je crois que nous sommes nombreux à héberger en nous un emmerdeur..."(*)

Alors que Lionel Duroy entamait sa tournée de dédicaces dans le Finistère ce week-end, je me sentais comme une bigoudène à la mer, en entrant dans ma librairie de quartier samedi.

J'attendis patiemment que le vendeur se décide enfin à me lancer une corde pour m'attirer aux rayons poche où je m'échouais lamentablement. La motivation n'y était pas et il s'en rendit compte. 

Son étonnement fut alors de taille lorsqu'il me vit le dépouiller des quatre Lionel Duroy que j'avais sous les yeux. Il m'accompagna à la caisse comme pour en savoir plus sur un tel appétit.

Je finis par lâcher telle une mouette son guano : "Ils ne sont pas tous pour moi", même si je n'étais pas dans un commissariat en possession de sachets de blanche dans mon jeans.
  
Je sortis pourtant satisfaite de cette pêche miraculeuse. Je me dis que j'avais sans doute eu plus de chance de trouver quatre livres qui me convenaient que Lionel Duroy n'en avait eu pour dénicher un hôtel à son goût à Huelgoat.

Mais de quoi allais-je faire de toutes ces pages noircies, moi qui en ce moment traque plutôt la page blanche ?

Certains écrivains ont des nègres, c’est connu. Mais les lecteurs ? Pourquoi ne feraient-ils pas faire le boulot à d’autres ?  En parfaite emmerdeuse, je décidais donc de trouver quatres "négresses" qui auraient pour mission, si elles l'acceptaient, de lire Lionel Duroy à ma place. 

Le choix des oeuvres n'avait pas été des plus complexes car le seul critère était : disponibilité en livre de poche, chez un libraire de proximité, un samedi après-midi.

Pour les lectrices, il fallait ne rien compliquer non plus. Aussi je décidais de déposer dès le lundi matin trois des ouvrages sur le bureau de proches collègues, le quatrième serait pour mon amie V., chargée de "Priez pour nous".

Je ricanais seule dans le couloir en pensant que les livres battaient tous pavillon "J’ai lu", un pied de nez qui convenait parfaitement à la situation.

En définitive, je suis assez peu surprenante dans mes élucubrations pour les personnes qui partagent mon quotidien, alors mon extravagance fut accueillie sans vague. 

J'entendis malgré tout quelques remarques d'usage comme celles que l'on fait au pied d'un sapin à Noël :


-"J’ai trouvé ça curieux ta démarche. On dirait même que ton cas s'aggrave. Mais en lisant la quatrième de couverture, l’histoire a l’air quand même sympa ». 
Prête à embarquer pour Turin, I. La fleur bleue papillonne déjà de tous ses cils, tellement Hélène et Marc sentent bon le soap opera.
-"Et merde, ça fait trop chier, j'ai eu le plus glauque, lisez moi ça !" 
Le prix Renaudot des lycéens fait l’effet d’un gravier dans une chaussure de M. La baroudeuse. Torturée à l'idée qu'elle aurait à en faire une fiche de lecture, elle lit un passage à voix haute et entre dans le livre comme Jovo se perd dans les faubourgs de Belgrade. 

Son mécontentement l'amène à déambuler jusqu'au bureau de K. L'aristo qui, après un "Merci" discret, claironne face à la plaignante : "J'ai le plus gros!!". "Le chagrin" dans la main mais la joie au coeur, on sent chez elle la revanche d'une paria, à qui ce pavé dans la marre des nantis fait bien plaisir.





(*) Extrait de : "Le Chagrin" de Lionel Duroy








2 commentaires:

  1. merci pour ton message et je suis contente de t'avoir servi de négresse pour l'hiver des hommes.Cette idée d'un blog sur un auteur qu'on n'a pas lu est amusante et j'aime beaucoup ta façon d'écrire .Personnellement je n'ai peur d'aucun auteur car à chaque fois je me réserve le droit de refermer le livre dès que je sens un certain ras le bol.

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  2. Mon blog n'est pas aussi divertissant que le tien evalire, mais j'eva faire de mon mieux ; ) Merci de tes encouragements !
    PS : Promis si je rencontre Lionel Duroy je lui donnerai à compléter ton Tag des Onze (http://evalire.over-blog.com/tag/qui%20suis%20je/), mais je peux te dire que pour ma part, le 13 mars 2013 à 20h30, j'attendais le pape même si je ne suis pas sa soeur ;)

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